The following item, from l’Univers Israélite, is as moving as it is interesting.
Covering the observance of the “first” Pesach Seder of World War One – occurring on the 15th of Nisan, 5675 (Tuesday, the 30th of March, 1915) – the essay was written by a Jewish chaplain serving in the French Army.
Each paragraph is introduced with a transliterated Hebrew phrase, and a discussion of that phrase is then used to segue into a discourse on the relationship between various aspects of the Seder night in particular, and Pesach in general, and contemporary military service by Jewish soldiers, touching upon the discomforts and dangers of military life, support of French Jewish troops by the Consistoire, and musings about an eventual, more peaceful future.
Notably, the fact that this particular Seder was held by and among a group of some forty Jewish soldiers from North Africa, specifically Zouaves and African chasseurs – men from Constantine and Oran – is strongly emphasized.
This essay is actually the first of several such items published by l’Univers Israélite in the course of World War One, and its presence would be very strongly echoed in other organs of the Jewish press during that conflict (such as The Jewish Chronicle).
And inevitably, in subsequent military conflicts, as well…
Le Séder sur le front
The Seder at The Front
l’Univers Israélite
April 9, 1915
The Jewish World
April 9, 1915
Leil chimourim. Ces mots qui désignent dans la Bible la soirée pascale, pourraient fort bien se traduire par “Nuit de garde”. Joseph Derenbourg a rapproché cette expression hébraïque de l’arabe samara, qui s’applique aux entretiens nocturnes des arabes du désert lorsque accroupis, le soir, autour du feu, ils devisent des légendes héroïques du passé.
Leil chimourim. These words in the Bible meaning Passover evening, could well be translated as “Night Watch”. Joseph Derenbourg has brought this Hebrew speaking Arabic Samara, which pertains to nocturnal meetings of Arabs in the desert, when squatting around the fire, in the evening, conversing about heroic legends of the past.
Je pensais à ces explications en donnant, comme on dit, ou comme on devrait dire, en “ordonnant le Séder avec une quarantaine de soldats israélites dans un village à demi détruit, à moins de deux kilomètres de l’ennemi. C’était à… Si je pouvais vous dire le nom, vous reconnaîtriez une localité qui sera renommée dans l’histoire de cette guerre, car les zouaves y menèrent une de leurs plus fougueuses attaques. C’étaient justement des zouaves, survivants de l’épopée, qui étaient réunis ce soir, avec quelques chasseurs d’Afrique et même quelques tirailleurs. L’assistance, le lieu, le moment, tout cela faisait que jamais le Séder ne parut plus émouvant ni la Hagada plus éloquente.
I thought of giving these explanations, as they say, or as we should say, in “ordering the Seder with forty Jewish soldiers in a half destroyed town, less than two kilometers from the enemy. It was… If I could tell you the name, you would recognize the place as being famous in the history of this war, because the Zouaves led one of their most spirited attacks upon it. These were precisely the Zouaves, survivors of the epic, who gathered tonight, with some African chasseurs and even some sharpshooters. The assistance, the place, the time, this was all such that the Seder never seemed any more moving or the Haggadah more eloquent.
Ha lahma… Après l’office du soir et le Hallel, la table sommaire fut dressée dans la salle délabrée. L’invitation n’en fût pas moins cordiale: “Voici le pain de misère que nos pères ont mangé en Égypte. Que celui qui a faim vienne en manger; que celui qui est nécessiteux vienne célébrer la Pâque. Cette année nous sommes ici, l’année prochaine puissions-nous être dans pays d’Israël! Cette année nous sommes esclaves, l’année prochaine, nous serons libres !” Jamais appel et souhait ne portèrent aussi bien.
Ha lahma… After the evening service and the Hallel, the summary table was drawn up in the dilapidated room. The invitation did was no less cordial: “This is the bread of affliction that our fathers ate in Egypt. That the hungry come and eat; that the needy come and celebrate Passover. This year we are here, next year may we be in the land of Israel! This year we are slaves, next year we will be free!” Never call and wish not also doing well.
Ma niçhianna… Après cette invitation en arméen, le questionnaire… en arabe. Suivant un ancien usage conservé en Algérie, la Hagada est traduite dans la langue du pays. Le Constantinois se sert de l’arabe, l’Oranais de l’Espagnol, l’Algérois du francais… quand il sait encore. J’avais demandé au plus jeune des fidèles – classe 14 — de poser les quatre questions traditionnelles; il s’en acquitta en chantant une mélopée en arabe que je ne compris guère. C’eût été à moi de questionner.
My niçhianna… After this invitation to the army, the questionnaire…in Arabic. Following an ancient custom preserved in Algeria, the Haggadah is translated into the language of the country. Arabic is used in Constantine, in Oran Spanish, in Algiers French…when he yet knows. I asked the youngest of the faithful – Classe 14 – to ask the four traditional questions; he acquitted himself singing a chant in Arabic that I hardly understood. It would have been for me to question.
Abadim hayinou… Je répondis tout de même. Oui, nous avons été esclaves en Egypte et ailleurs depuis; mais Dieu nous a délivrés et cela plus d’une fois. Aussi fusions-nous tous sages et âgés — et il y avait bien parmi nous quelques ignorants et quelques novices — que nous aurions considéré comme un devoir et un plaisir de faire et de refaire le récit de la sortie d’Egypte. Volontiers nous aurions prolongé la veillée jusqu’à la pointe du jour, comme jadis les rabbins réunis à Bené Beraq, si nous n’avions craint que la garde vînt nous dire: “Il est temps d’aller se coucher”. Mais honneur à Ben Zoma, qui a montré par une ingénieuse déduction que la sortie d’Egypte devait être dite la nuit, car le soldat en campagne n’est pas libre dans la journée.
Abadim hayinou… I answered anyway. Yes, we were slaves in Egypt and elsewhere since; but God saved and delivered us more than once. We all emerged wiser and older – and there were many ignorant among us and some novices – we would have considered it a duty and a pleasure to tell and retell the story of the exodus from Egypt. Gladly we would have prolonged the vigil until daybreak, as the rabbis once gathered in Bene Beraq, if we had feared that the guard would come to say: “It’s time to go to bed.” But credit to Ben Zoma, who showed by an ingenious deduction that the exodus from Egypt was to be called the night because the soldier in the field is not free in the day.
Barouch Hamaqom… Il y a quatre sortes de soldats, et de soldats israélites. Le hakkam, c’est dans le civil l’ouvrier ou l’employé intelligent et dévoué, dans le religieux le croyant sincère et le pratiquant éclairé, dans le militaire, c’est le “poilu”. Le racha, c’est dans le civil l’oisif ou le raté, dans le religieux, le lâcheur et le “je m’enfichiste”, dans le militaire, c’est l’embusqué. Le tam, c’est dans le civil, le garçon de bonne volonté qui ne demande qu’à faire mieux, dans le religieux celui qui chante sa paracha comme un perroquet, dans le militaire c’est le “bleu”. Le quatrième enfin, c’est dans le civil celui qui joue à la guerre, déjà, dans le religieux celui qui épelle le Chema avant de le comprendre, dans le militaire c’est celui qui “entrera dans la carrière”, quand ses ainés n’y seront peutêtre plus…
Baruch Hamaqom… There are four kinds of soldiers, and of Jewish soldiers. The hakkam, is the civilian worker or the intelligent and devoted employee; the sincerely religious believer and informed practitioner, in the military, he is the “poilu”. The racha, is in the idle or missing civilian, the religious, the quitter and “I enfichiste”; in the military, he’s the evader. The tam, in civilian life, is the boy of good will just waiting to do better, in religion the one who sings the parsha like a parrot; in the military he is the “blue”. The fourth finally, is the one who plays at civil war, already in religion one that spells the Shema without understanding, in the military he is the one who “will enter the career,” when his elders perhaps there will be more…
Mitchilla… Reprenons le fil de la Hagada; rappelons la merveilleuse et émouvante histoire, là descente en Egypte, la chute dans l’esclavage, puis la montée vers la Terre Promise, l’ascension à la liberté. Ces deux actes du drame, qui les joue aujourd’hui? Eux et nous. La tyrannie, la persécution, la cruauté jusqu envers lés enfants, l’orgueil et les défis à la Divinité, c’est eux, et quel commentaire cette partie de la Hagada que le Rapport officiél sur les atrocités allemandes! A nous les durs labeurs et les corvées pénibles, mais à nous aussi les prodiges et les revirements merveilleux de la fortune, et à nous bientôt la sortie, le passage, la victoire et la libération. Nous ne demandons que les réparations et non la vengeance. “Si Dieu nous délivre des Egyptiens et qu’il n’exerce pas de représailles contre eux, dayénou: suffit!”
Mitchilla… Take up the thread of the Haggadah; remember the beautiful and moving story, the descent into Egypt, the fall into slavery, then the climb to the Promised Land, the ascent to freedom. These two acts of the drama, which plays today? They and us. Tyranny, persecution, cruelty against children, pride and the challenges to the Divinity, it is they, and any comment on the part of the Haggadah that is the official report on the German atrocities! To us is hard work and drudgery, but we also wonder and wonderful reversals of fortune, and we will soon exit the passage, the victory and liberation. We ask for reparations and not revenge. “If God delivered us from the Egyptians and did not engage in reprisals against them, dayenu: enough!”
Bechol dor… Ah! qu’il est donc vrai que dans tous les siècles chaque Israélite doit se considérer comme bénéficiant en personne de la déliverance d’Egypte… C’est pourquoi nous sommes tenus de louer et de célébrer Celui qui nous conduit de la servitude à la liberté, de la douleur à la joie, des ténébres a la lumiére… Sois béni, Seigneur, qui nous as fait la grâce d’atteindre cette soirée. Notre Dieu et Dieu nos pères, veuille que nous atteignions ainsi d’autres fêtes et d’autres solennités, qu’elles nous trouvent en paix, heureux du rétablissement de la cité et de la restauration de la foi. Alors nous chanterons un cantique nouveau pour notre affranchissement et notre libération!” Combien cette prière nous parut actuelle et comme elle fut sentie ce soir-là!
Bechol dor… Ah! it is true that in all ages every Israelite must consider himself personally benefiting from the deliverance from Egypt… This is why we must praise to Him who led us from bondage to freedom, from pain to joy, from darkness to the light… Blessed are you, Lord, who hast made us the grace to reach this evening. Our God and God of our fathers, grant that we reach other festivals and other solemnities, that we are at peace, the happy restoration of the city and the restoration of faith. Then we will sing a new song for our liberation and our freedom! “How this prayer seemed to us today and as it was felt that night!
Mais il n’y a pas que la Hagada dans le Séder. Il y a aussi le repas! Hélas! Plats délectables de Pésah, ou êtes-vous? Cependant nous ne sommes pas entièrement dépourvus, grâce à la prévoyance de nos familles et des œuvres, et nous pouvons contenter Rabban Gamliel, sinon notre estomac! Voici, à côté du vin cachir de la Maison Hanoui-Lachkar, d’Alger, voici le pain de misère, la maça, épaisse galette algérienne, qui fait concurrence au biscuit de guerre, ou friable crêpe parisienne, envoi du Consistoire. Voici le maror, du pissenlit cueilli cet après-midi dans un champ parmi les “marmites”. Nous aurions pu y joindre, a la manière de Hillel, du harocet nature: la boue des tranchées. Nous avons mieux: nous avons des briques, représentées par les tablettes de chocolat pascal, don délicieux de l’ “Aide fraternelle aux soldats”.
But it’s not just the Haggadah at the Seder. There is also the meal! Alas! delectable dishes of Pesach, are you? However we are not entirely free, thanks to the foresight of our families and works, and we can settle upon Rabban Gamliel, if our stomachs allow! Here, next to the cache of wine of Maison Hanoui-Lachkar, Algiers, here is the bread of misery, maça, the thick Algerian wafer, which competes with war biscuits or friable Parisian crepes, sent by the Consistoire. Here is the maror, of dandelions picked this afternoon in a field among the “marmite”. We could join, as in the manner of Hillel, this kind of harocet: the mud of the trenches. We have better: we have bricks, represented by the chocolate Easter bars, a delicious gift of the “fraternal help to soldiers.”
Tout en le dégustant, nous faisons la lecture du Numéro de Pâque dé l’Univers israélite, qui n’est pas moins apprécié, je vous assure. Toute la Hagada y est paraphrasée, depuis là Ha lahma jusqu’au Vaamartem zébah Pésah, et toute la légende pascale, depuis la dixième plaie tournée en vers jusqu’à la dernière actualité transformée en conte.
While enjoying them, we read the Passover number of The Jewish World, which is no less appreciated, I assure you. The entire Haggadah is paraphrased from Ha lahma until Vaamartem zebah Pesah, and all the pascal story from the tenth plague to the journey until the last news has turned into a story.
La soirée s’achèver par les psaumes, les prières et les poésies de la deuxième partie de la Hagada. Les allusions au présent leur donnent de l’attrait et il n’est pas jusqu’à l’appel nostalgique de la fin à quoi l’expédition d’Orient ne donne un regain d’actualite: “L’année prochaine à Jérusalem!” Le plus “sioniste” ne peut s’empêcher d’ajouter: “Cette année-ci dans nos foyers!”
The evening will end with psalms, prayers and poems of the second part of the Hagadah. Allusions to this give them the attraction and this does not measure up to the recent nostalgic appeal that the expedition to the Orient has actually renewed: “Next year in Jerusalem! The most “Zionist” “cannot help adding: “This year in our homes!”
UN AUMÔNIER ISRAÉLITE
A JEWISH CHAPLAIN
– Transcribed 2016
Reference
Jewish Holiday Festivals in 1915, at JewishGen